WINSPACE AVEC SES ARMES SUR L'ENFER DU NORD : « LES FILLES SE SONT BATTUES COMME DES LIONNES »
Par Renaud Chevalier
Présentes sur la 4ème édition du Paris-Roubaix femmes, 6 coureuses de la formation française ont été alignées pour la première fois ce samedi : Aurela Nerlo, Floraine Bernard, Luyao Zeng, Xin Tang, Julia Aubry et Constance Valentin. Un défi immense. Compte-rendu sur place.
Constance Valentin et Xin Tang dans les temps
12h45. Présentation des équipes. Sous leurs tuniques multicolores, trois françaises, deux chinoises et une polonaise sont acclamées. La pression monte. L’heure de départ approche. Peu après, tour de repérage pour s’échauffer. Puis vient le moment tant attendu.
13h35. 6 coureuses. 6 femmes. Pour leur première participation à l’enfer du Nord, les cyclistes sous la direction de Jérémy Bellicaud n’ont pas démérité. 17 secteurs pavés. Au secteur 17, bien que distancées, les coureuses sont au contact, à 30 secondes de la tête du peloton.
Les pavés, une nouveauté pour Xin Tang
©Winspace / Xavier Pereyron
À peine 30 minutes plus tard, les voilà de retour sur les pavés (secteur 12). Sous un rythme effréné, les écarts s’accroissent, variant entre 4 minutes pour Constance Valentin et 6 minutes pour Floraine Bernard. Entre-temps, Julia Aubry subit la loi nordiste (abandon), 80 km après le départ.
Au secteur 5, proche de Camphin-en-Pévèle, la souffrance se fait ressentir. Assoiffées, au bout de l’effort, elles donnent tout. La voiture-balai se rapproche. La championne de Chine Luyao Zeng en fait les frais. Constance Valentin et Xin Tang dompte l’enfer du Nord. Elles se classent respectivement en 91° et 99°.
Constance Valentin dans le 12ème secteur pavé de Paris-Roubaix Femmes
©Winspace / Xavier Pereyron
Floraine Bernard et Aurela Nerlo, une victoire symbolique
Rattrapées par le camion-balai, la française de 21 ans et la polonaise de 26 ans ont préféré continuer. Continuer pour savourer. Continuer pour profiter. Continuer pour accéder au mythique Vélodrome.
Seule, Floraine Bernard s’accroche comme elle peut. Peut-être se rappelle-t-elle de tous ses sacrifices. Se surpasser. Un challenge physique relevé.
Jérémy Bellicaud (Dir. sportif) : « Constance Valentin deviendra une championne »
- 4 cyclistes achèvent la course. Une satisfaction ?
« C’est un bilan positif. Evidemment, on espère toujours plus d’une course comme Paris-Roubaix. Nous sommes à notre place au niveau sportif. Je retiens l’attitude des coureuses. Les filles se sont battues comme des lionnes. Elles sont allées au-delà d’elles-mêmes. Je ne peux rien leur reprocher. Au contraire, je ne peux qu’apprécier ce genre de comportement. Au briefing, je leur avais dit qu’elles allaient sûrement passer l’une de leurs pires journées sur le vélo. Et que quelques jours, semaines voire années plus tard, elles se rendraient compte que c’étaient l’une de leurs plus belles journées cyclistes. Elles savent qu’elles ont vécu un moment exceptionnel. »
- En tant que directeur sportif, quelles ont été les instructions ?
« J’ai donné quelques conseils sur le placement avant les secteurs pavés. Nous étions ici pour assurer leur sécurité et le bon déroulement de la course. Sur la fin de la course, ces recommandations se sont davantage transformées en encouragements. Elles avaient besoin de l’entendre. »
- Un petit mot sur Constance Valentin ?
« Depuis le début de l’année, Constance apprend sur chacune des courses. Elle m’a vraiment épaté. Elle s’est battue jusqu’au bout pour pouvoir faire une place. Elle s’est battue à la hauteur de l’évènement. Avec son passé vététiste, elle possède un grand bagage technique et des efforts qui se rapprochent de ce que l’on peut retrouver sur les pavés. Elle progresse de jour en jour. Dans quelques années chez les professionnelles, Constance Valentin deviendra une championne. »
Constance Valentin : « Je suis très heureuse »
Pour votre premier Paris-Roubaix, vous terminez à plus de 14 minutes de Lotte Kopecky. Mais j’imagine qu’achever l’enfer du Nord est déjà une énorme satisfaction... « Ce qui compte, c’est de le finir et d’avoir eu de plutôt bonnes sensations malgré les cassures. Je suis très heureuse.»
Avec beaucoup d’émotions, elle a affirmé que c’était le pire et le plus beau jour d’une vie sur un vélo…
Floraine Bernard qui s'accroche
©Winspace / Xavier Pereyron
« Oui. Ce sera la meilleure journée car nous nous en rappellerons toute notre vie. Je me suis sentie bien sur ces pavés. La pire parce que j’ai eu des montagnes russes dans les émotions pendant toute la course. Je me disais que c’était bientôt la fin. Et en même temps, j’avais les mains complètement détruites. »
- Quant à la course, comment l’avez-vous vécue ?
« Pendant tout le début, les équipes World Tour ne laissaient pas partir des échappées. Elles ne souhaitaient pas que le scénario de l’année dernière se reproduise. Jérémy nous a bien aidées. Mais c’est vrai que toutes les équipes avaient les mêmes consignes. C’était très difficile de se replacer. La stratégie était d’attaquer, d’avoir un coup d’avance. Nous savions qu’à la pédale nous étions diminuées face aux grandes écuries. »
Du rire aux larmes... Passer par toutes les émotions
©Winspace / Xavier Pereyron
Karolina Perekitko : « Je suis vraiment fière de l’équipe »
La Polonaise ne prenait pas le départ de la course ce samedi, en revanche sa présence fut importante pour encourager ses coéquipières : « J’ai eu un peu peur, la course étant vraiment dangereuse. Je suis vraiment fière de l’équipe. Elles sont toutes arrivées sans blessure. Les filles ont fait du mieux qu’elles pouvaient. Je ne regrette pas ma place... Je préfère les montagnes ! » (rires)
Déjà focus sur ces prochains objectifs, Karolina nous partage avec enthousiasme la préparation de ces prochaines semaines.
« Je suis excitée par la Vuelta. Je ne mets pas d’attente. Chaque jour est une nouvelle opportunité. La semaine prochaine, je participe au Grand Prix de Chambéry. C’est l’une de mes courses préférées !»
Vivement l’année prochaine…